L’huile de nigelle, extraite des graines de Nigella sativa, est reconnue pour ses nombreuses propriétés bénéfiques sur la santé. Antioxydante, anti-inflammatoire et antibactérienne, elle est utilisée depuis des siècles pour ses bienfaits, tant en usage interne qu’externe. Mais son utilisation durant la grossesse soulève des interrogations. Cet article explore, à la lumière des données scientifiques actuelles, les avantages, les risques et les précautions à prendre lorsqu’il s’agit d’utiliser l’huile de nigelle pendant la grossesse.
Les bienfaits potentiels de l’huile de nigelle sur la fertilité
Avant même de parler de grossesse, il est pertinent de s’attarder sur le rôle de l’huile de nigelle dans l’amélioration de la fertilité. Une croyance populaire, particulièrement répandue en Iran, suggère que cette huile pourrait augmenter les chances de conception. Cette affirmation a suscité l’intérêt de plusieurs chercheurs, notamment chez les femmes atteintes de syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), une pathologie qui affecte environ 10 % des femmes en âge de procréer.
Le SOPK est souvent accompagné de troubles menstruels, comme l’oligoménorrhée (cycles longs supérieurs à 35 jours), qui réduisent les chances de grossesse. Une étude clinique a été menée pour évaluer les effets de l’huile de nigelle sur ces irrégularités [1]. Pendant quatre mois, 84 femmes atteintes de SOPK ont été divisées en deux groupes : l’un a reçu 2 capsules de 500 mg d’huile de nigelle par jour, tandis que l’autre prenait un placebo. Résultat : les cycles des femmes ayant consommé l’huile étaient significativement raccourcis (45 jours contre 86 jours dans le groupe placebo). Ces résultats suggèrent que l’huile de nigelle pourrait réguler les cycles menstruels, augmentant ainsi les chances de conception. Cependant, il est important de noter que cette utilisation concerne exclusivement la période avant la grossesse.
Précaution importante : L’huile de nigelle ne doit pas être consommée après l’ovulation (14ᵉ jour du cycle menstruel), car ses effets durant une grossesse débutante restent mal documentés.
L’ingestion d’huile de nigelle pendant la grossesse : des risques à considérer
La grossesse est une période où chaque décision concernant l’alimentation ou l’utilisation de produits naturels doit être soigneusement pesée. Les recherches sur l’huile de nigelle et ses effets durant la grossesse sont limitées, et les données disponibles proviennent principalement d’études sur les animaux.
Études sur les animaux
Dans une étude récente, des rats enceintes ont été traités avec des doses variant de 12,5 à 200 µg/mL d’huile de nigelle durant les 10 premiers jours de leur gestation. Les chercheurs n’ont observé aucune modification de la durée de la grossesse, du poids des nouveau-nés ou de leur comportement [2]. Cependant, ces résultats ne peuvent pas être généralisés aux femmes enceintes, car les mécanismes biologiques diffèrent entre les espèces.
La thymoquinone : une molécule à surveiller
L’une des molécules actives présentes dans l’huile de nigelle, la thymoquinone, soulève des préoccupations. À forte dose, elle est connue pour ses propriétés abortives [3], bien que cette observation repose principalement sur des études en laboratoire. En l’absence de preuves solides sur les doses sécuritaires pour les femmes enceintes, il est conseillé de respecter le principe de précaution.
Recommandation générale
La majorité des professionnels de santé déconseillent l’ingestion d’huiles essentielles ou végétales pendant la grossesse, et l’huile de nigelle ne fait pas exception. Par précaution, il est préférable de l’éviter sous forme orale durant cette période, car la future maman et son bébé sont particulièrement vulnérables.
L’application cutanée d’huile de nigelle pendant la grossesse : une alternative sûre ?
Contrairement à son ingestion, l’utilisation topique de l’huile de nigelle est généralement considérée comme sans danger pendant la grossesse, sous certaines conditions. En application locale, cette huile offre plusieurs bienfaits, notamment pour la peau, qui subit de nombreuses transformations durant cette période.
Prévention des vergetures
Grâce à sa richesse en acides gras essentiels comme l’acide oléique et l’acide linoléique, l’huile de nigelle hydrate en profondeur, améliore l’élasticité de la peau et renforce la barrière cutanée. Ces propriétés aident à prévenir les vergetures, fréquentes en raison des variations de poids et de volume corporel [4].
Effet cicatrisant et régénérant
L’huile de nigelle favorise la réparation des tissus cutanés grâce à des composés bioactifs comme la nigelline et la nigellone [5]. Ces propriétés cicatrisantes sont particulièrement utiles pour aider la peau à récupérer après une distension.
Précautions à prendre
Bien que sûre en usage topique, l’huile de nigelle ne doit pas être appliquée sur les mamelons si vous allaitez, ni sur les zones susceptibles d’entrer en contact direct avec le bébé. De plus, il est recommandé de diluer l’huile à 10 % dans une autre huile végétale (comme l’huile d’amande douce) pour limiter tout risque d’irritation cutanée.
Les graines de nigelle : une alternative intéressante ?
Si l’huile de nigelle soulève des questions pendant la grossesse, les graines de nigelle, elles, semblent poser moins de problèmes. Elles peuvent être consommées occasionnellement en petites quantités, par exemple sous forme d’infusion. Cependant, leur utilisation à forte dose ou dans le cadre d’une cure doit être validée par un professionnel de santé [1].
En résumé : que retenir sur l’utilisation de l’huile de nigelle pendant la grossesse ?
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Ingestion :
- Déconseillée durant toute la grossesse en raison des risques potentiels liés à la thymoquinone.
- Peut être envisagée avant la grossesse pour réguler les cycles menstruels, mais uniquement jusqu’à l’ovulation.
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Application cutanée :
- Considérée comme sûre, à condition d’éviter les zones en contact direct avec le bébé ou les mamelons.
- Idéale pour prévenir les vergetures et maintenir une peau hydratée et élastique.
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Graines de nigelle :
- Peuvent être consommées à faible dose (infusion, miel), mais l’avis d’un professionnel est recommandé avant tout usage régulier ou en cure.
Conclusion
L’huile de nigelle est un ingrédient naturel aux multiples bienfaits, mais son utilisation pendant la grossesse doit être abordée avec précaution. Si son application cutanée peut être bénéfique pour la peau, son ingestion reste risquée en raison du manque de données fiables sur ses effets sur la santé du fœtus. Avant d’envisager tout usage, qu’il soit interne ou externe, il est essentiel de consulter un professionnel de santé. Respecter le principe de précaution est primordial pour garantir la sécurité de la future maman et de son bébé.
Sources
- Saber, S., et al. Comparing the Effect of Nigella sativa oil Soft Gel and Placebo on Oligomenorrhea, Amenorrhea and Laboratory Characteristics in Patients with Polycystic Ovarian Syndrome. Research Journal of Pharmacognosy (2020).
- Ghorbani, A., et al. Safety evaluation of Phytovagex, a pessary formulation of Nigella sativa, on pregnant rats. researchgate (2016).
- Parsamanesh, N., et al. Effect of orally-administered thymoquinone during pregnancy on litter size, pentylenetetrazol-induced seizure, and body weight in rat offspring. pubmed (2021).
- Houghton, P. J., et al. Nigella sativa oil as a functional food in dermatology: A comprehensive review. Journal of Ethnopharmacology (2005).
- Ali, B. H., et al. Pharmacological and toxicological properties of Nigella sativa. Phytotherapy Research (2008).
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